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Bien connaître les mouvements littéraires

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Les mouvements littéraires

 

Humanisme (1530-1600)



L'humanisme est né en Italie à la Renaissance au XIVème siècle et s'étendit à l'Europe au XVIème siècle.
Les textes de ce mouvement se réfèrent à l'Antiquité en servant de modèle de vie. C'est une vision du monde où tout gravite autour de l'homme.L'Humanisme va se propager en premier lieu à l'Allemagne, à la Hollande puis enfin à la France. C'est en 1530 que ce mouvement touchera toute l'Europe. C'est surtout grâce au poète Pétrarque et Boccace que l'humanisme prendra de l'ampleur. L'imprimerie jouera un rôle essentiel pour la diffusion des idées. Les registres dominants de cette époque sont le roman, l'essai, le registre satirique et le réalisme. Les thèmes évoqués sont l'éducation, la guerre, la mort, le corps et les relations amoureuses. Les principes sont la confiance de l'homme, l'esprit européen et le retour à l'antiquitéLes thématiques étudiées sont l'éducation, la guerre, la mort, le corps et les relations amoureuses. Les auteurs clés de ce mouvement sont Rabelais, Marguerite de Navarre et Montaigne. Les principes de cette époque sont fondés sur la confiance de l'homme et sur l'esprit européen.

 



La pléiade (1553-1589)



La Pléiade est un groupe de sept poètes français du XVIe siècle rassemblés autour de Pierre de Ronsard et Joachim du Bellay. Le genre dominant de cette époque est la poésie lyrique. Les caractéristiques sont l'intérêt de la langue française et le modèle antique (succès du sonnet) les thèmes abordés sont l'amour, la jeunesse, la beauté, la fuite du temps et la nature. Les caractéristiques et principes dominants sont : l'intérêt pour la langue française et le modèle antique. Les thématiques étudiées sont celle de l'amour, la jeunesse, la beauté, la fuite du temps et la nature. Ronsard et du Bellay, inséparables depuis leur rencontre en 1547, fondent en 1549 un groupe de gens de lettres qui prend le nom de Brigade, et qui sera rebaptisé Pléiade en 1553. Le groupe se donne pour mission de définir de nouvelles règles poétiques. Dans ce cadre, du Bellay rédige en 1549 une "Défense  et illustration de la langue française". Il y prône l'usage du français en poésie, contre celui du latin. Son projet est de rendre la langue française moins "barbare et vulgaire" en l'enrichissant avec ses amis de la Pléiade. Il souhaite également re-populariser les genres poétiques utilisés pendant l'antiquité : élégie, sonnet, tragédie...
Les œuvres clés seront les Amours, de Ronsard et les Regrets de du Bellay.




Le baroque (~1570 - ~1650)  


"Baroque" vient de barrocco, "les perles de formes irrégulières". Au départ, le terme n'est employé que pour les arts figuratifs. Le baroque est l'art du mouvement ; c'est une esthétique, une vision du monde, un comportement, une manière de réagir à une crise. Ce mouvement a une histoire : on le situe généralement entre le dernier tiers du XVIe siècle jusqu'au premier tiers du XVIIe siècle. C'est d'abord un terme négatif, il signifie "bizarre", "extravagant", "sans valeur". Progressivement, le terme va perdre sa connotation négative par le travail de la critique. Les genres et registres dominants de cette époque sont : la poésie (tragi-comédie), le registre lyrique, dramatique, épique, satirique et le réalisme burlesque et libertin. Les caractéristiques et principes dominants sont le goût pour le spectaculaire et le romanesque. Et les thèmes abordés sont la passion et l'amour. Les œuvres clés sont Satire de Régnier, Les Tragiques d'Aubigné, Œuvres de Viau, L'Autre Monde ou Les Etats et Empire de la Lune de Cyrano de Bergerac.

 



La préciosité (1610-1660)


La préciosité est un mouvement culturel et un courant littéraire français du XVIIe siècle qui repose sur la volonté de se distinguer par la pureté du langage, par l'élégance de la tenue et par la dignité des mœurs. Les registres dominants sont le roman et la poésie lyrique. La préciosité est basée sur les principes de l'intellectualisme, le féminisme, l'idéalisme et sur les jeux poétiques ou romanesques.
Les thèmes abordés dans les textes sont la passion et l'amour et les œuvres principales sont l'Astrée d'Urfé et Clélie de Mlle de Scudéry. Les Précieux se retrouvent dans des salons littéraires. Ces organisations sont "fondées" par de grands aristocrates. Ils se développent initialement en Provence et à Paris. Pour y accéder, on doit avoir une noblesse de sang et une "noblesse de l'âme". Les femmes y sont actives. Les œuvres les plus importantes sont la "chambre bleue" de Catherine de Rambouillet et celui de Madeleine de Scudéry. On y discute dans un langage très appliqué, on y parle de littérature, on y écrit et lit des poèmes, presque tous sur l'amour, et on y lit des extraits d'œuvres. L'usage de périphrases hyperboliques, de métaphores recherchées, de pointes et de néologismes est très utilisé dans les textes et poésies.



Le classicisme 1660-1680

 


Le classicisme est un courant littéraire qui se développe en France, et plus largement en Europe, dans la deuxième moitié du XVIIe siècle. Il se définit par un ensemble de valeurs et de critères qui dessinent un idéal s'incarnant dans "l'honnête homme" et qui développent une esthétique fondée sur une recherche de la perfection. Les genres et dominants sont : la tragédie, la farce, la comédie, les portraits, les fables. Les registres dominants sont : le tragique et le satirique. Les caractéristiques principes dominants sont : l'imitation des anciens, la culture officielle, le moralisme, l'idéal de l'honnête homme, la règles des trois unités, la langue et son usage. Les thématiques sont : le devoir, la passion, l'exercice du pouvoir, l'aristocratie et la noblesse. Les œuvres et auteurs clés sont : corneille avec le Cid et Molière avec L'école des femmes. À partir du classicisme, la réflexion intellectuelle, la recherche de la perfection formelle et la vie sociale cessent d'apparaître comme des sphères séparées. Bien plus qu'un mouvement esthétique, le classicisme apparaît comme une véritable vision du monde, où "tout n'est qu'ordre et beauté".
Cela tient peut-être au fait que, par rapport aux siècles qui l'ont précédé, il inaugure les temps modernes. Mais on peut croire aussi qu'en dépit des luttes qui ont marqué son histoire il évoque la pensée d'une certaine cohésion : l'approche, par différentes avenues, d'un commun idéal de perfection".
Présentation d'une œuvre


Phèdre est la dernière tragédie profane de Racine avant un long silence de douze ans au cours duquel il se consacrera au service du roi et à la religion. Une nouvelle fois, il choisit un sujet déjà traité par les poètes tragiques grecs et romains. Le roi Thésée étant absent, Phèdre finit par avouer son amour à Hippolyte, fils de Thésée et d'une amante amazone.
Tout dans Phèdre a été célébré : le tragique, les personnages. Racine fait mourir Phèdre à la fin de la pièce, sur scène : elle a donc eu le temps d'apprendre la mort d'Hippolyte. Le personnage de Phèdre est l'un des plus remarquables des tragédies de Racine. Cette œuvre s'inscrit dans le registre tragique par le caractère de Phèdre à inspirer terreur mais aussi, accablée par le poids de l'hérédité.
Au fil des actes et des scènes, Racine met en scène la déchéance d'un personnage, la structure de la pièce est d'une impeccable rigueur symbolisant la marche d'une fatalité implacable.


 

 

 

 

 


Les lumières (1670-1820)



La littérature française du XVIIIe siècle s'inscrit dans une période le plus souvent définie par deux dates repères : 1715 et la mort de Louis XIV, et d'autre part, 1799, date du coup d'État de Bonaparte qui instaure le Consulat et met d'une certaine façon fin à la période révolutionnaire. Ce siècle est riche de plusieurs œuvres qui peuvent se rattacher au mouvement des Lumières et ses remises en cause des bases de la société. Les genres et registres dominants sont : le discours, l'essai, la critique, les dialogues (argumentatif et délibératif), la lettre, le pamphlet, le conte philosophique, mais aussi le dictionnaire, l'encyclopédie, la comédie, le roman autobiographique et épistolaire et enfin le registre polémique, satirique et lyrique. Les caractéristiques et principes dominants sont : le culte de la raison, le goût pour le débat, le matérialisme athée, la chasse aux préjugés, les droits de l'homme, la civilisation et l'utopie, l'éveil de la sensibilité personnelle et le sentiment de la nature. Les thématiques sont : la tolérance, la liberté, l'égalité, l'altérité, le bon sauvage, l'exotisme, le libertinage, la passion et l'amour.

Les auteurs clés sont : Montesquieu avec Les lettres persanes, Marivaux avec Le jeu de l'amour et du hasard, Voltaire avec Candide et Le dictionnaire philosophique, Rousseau avec La nouvelle Héloïse et Les confessions, Diderot avec Jacques le Fataliste et enfin Beaumarchais avec Le mariage de Figaro.

 

Le romantisme

 

Avec la Révolution de 1789, véritable bain de sang qui dévaste le pays autant que les esprits, on assiste à une remise en question des idéaux des Lumières. Le XIXe siècle marque un retour à des valeurs fondamentales : l’individualité, le cœur, la nature ; et voit l’apparition d’un nouveau mouvement : le romantisme, qui atteindra son apogée dans les années 1820-1840.

Qu’est-ce que le romantisme ?

  • Déjà avec Rousseau et Diderot, l’on a ce que l’on appelle le « préromantisme ». Ce n’est ni une école ni un mouvement, mais désigne la transition entre les Lumières et le Romantisme, entre le rationalisme philosophique et l’irrationalité affective. Cela s’illustre avec les Confessions, la Nouvelle Héloïse, ainsi que les Rêveries du promeneur solitaire chez Rousseau, et avec la Religieuse, le Neveu de Rameau, ou encore Jacques le Fataliste du côté de Diderot.

 

  • Le terme « romantique » prit son sens moderne en Allemagne, avec les écrivains du Sturm und Drang (« orage et passion »). C’est tardivement que le substantif « romantisme » fut utilisé par les « passeurs », dont Madame de Staël (Stendhal parlera lui de « romanticisme »).

 

  • Vision du monde : « sentiment d’échec, d’impuissance à imposer des valeurs authentiques dans une société dominée par l’argent. » Mouvement gagné par le « mal du siècle » → désillusion face au monde.

Les grandes figures du romantisme

  • Hugo, Victor (1802-1885) : Hernani, Notre-Dame de Paris, Préface de Cromwell, etc.
  • Chateaubriand, François-René (1768-1848) : Mémoires d’Outre-tombe, Atala.
  • Vigny, Alfred (1797-1863) : Les Destinées, Chatterton.
  • Musset, Alfred (1810-1847) : On ne badine pas avec l’amour, Lorenzaccio, etc.
  • Lamartine, Alphonse (1790-1869) : Méditations poétiques.
  • Nerval, Gérard (1808-1855) : Les Chimères.

Caractéristiques du mouvement

  • Révolution littéraire : volonté de transgresser les règles classiques, d’être de leur temps et non gardiens d’une tradition immuable. Au théâtre, remise en cause des trois règles d’unité, obstacles à la vraisemblance, et de la règle de la bienséance, pour montrer le réel sans l’édulcorer. Victor Hugo développe sa théorie du grotesque : mélange du sublime et du difforme, du comique et du tragique + renoncement à l’alexandrin.
  • Nouveaux thèmes pour de nouvelles préoccupations :
  • Culte du moi : repli sur soi, sentiments intimes ;
  • Culte du sentiment amoureux, thème de prédilection car les histoires d’amour sont les seules capables de rompre la monotonie du quotidien ;
  • Culte de la nature : redécouverte de la nature puissante, sauvage = présence quasi-divine mettant en évidence l’insignifiance de l’homme ;
  • Culte du rêve : on cherche refuge dans la solitude car la société laisse insatisfait.
  • Place de l’écrivain : l’écrivain s’érige en prophète, considéré comme un élu, un être d’exception. Il n’entend plus s’adresser à une élite sociale, mais prétend toucher le plus grand nombre. Mission de comprendre la vie réelle et de l’enseigner, l’exposer dans ses œuvres littéraires.

Le réalisme

 

Après la révolution sanglante de 1848, réprimée violemment par le pouvoir, chutent les illusions romantiques et les utopies socialistes. Le projet réaliste de tout montrer apparaît d’abord en peinture avec Courbet avant de toucher la littérature. Il suscite néanmoins des réticences : ainsi Madame Bovary, l’œuvre flaubertienne, est-elle condamnée à sa publication pour son réalisme démoralisant.

 

 

Qu’est-ce que le réalisme ?

  • Stendhal est le premier écrivain français à avoir lié le roman et l’histoire contemporaine. Il met en effet en scène des personnages ébranlés par les forces de la société. Mais peut-être plus que la réalité, c’est la vérité des sentiments qui intéresse Stendhal. Il refuse l’idéalisme mais conserve un certain héroïsme : il n’est pas attiré par la description du banal, par l’écriture du quotidien. Balzac, lui, est considéré comme le précurseur du réalisme, à travers les quatre-vingt-onze romans de sa Comédie humaine, dans laquelle il entend mettre en évidence les mutations sociales. Mais la vision balzacienne montre que l’écriture réaliste doit dépasser la simple « copie du réel » : il y substitue une transfiguration et une symbolisation de la matière.
  • Nouvelles préoccupations : rejeter toutes les formes d’idéalisation de la société, exprimer le plus fidèlement possible la réalité.
  • Vision du monde : l’objectif du mouvement réaliste le conduit souvent à un pessimisme envahissant.

Les grandes figures du réalisme

  • Flaubert, Gustave (1821-1880) : Madame Bovary, L’Éducation sentimentale.
  • Stendhal (1783-1850) : Le Rouge et le Noir, La Chartreuse de Parme.
  • Balzac, Honoré (1799-1850) : La Comédie humaine (91 romans).
  • Maupassant, Guy (1850-1893) : Pierre et Jean, Une Vie, Bel-Ami.
  • Sand, George (1804-1876) : La Mare au diable.

Esthétique réaliste

  • Critique de l’idéalisme romantique : les romanciers réalistes se retrouvent tous pour critiquer les excès de la prose romantique. Le sort du lecteur romantique est dépeint par Flaubert, à travers le destin de son personnage Emma Bovary.
  • Sujets contemporains : les écrivains se rendent compte qu’il existe une véritable poésie du quotidien et du contemporain. Les intrigues, qui sont de plus en plus sobres, puisent dans le quotidien.
  • Utilisation de la description : la description devient un élément d’appréhension du réel et de démonstration de la compétence du romancier. Mise en évidence des rapports de l’homme et de son milieu : tous les détails sont porteurs de sens dans la description réaliste.
  • Vocation encyclopédique : le roman se veut le véhicule du savoir, il possède un contenu pédagogique, et s’efforce d’employer un lexique précis et documenté.

Le naturalisme

 

C’est dans un contexte de lourdes mutations sociales et politiques que naît le mouvement naturaliste. En effet, dans les années 1860-1870, lorsque le naturalisme prend son élan, le pays est bouleversé par le processus d’industrialisation qui provoque une véritable métamorphose urbaine (projets Haussmann) et qui marque l’essor d’une classe ouvrière aux revendications nouvelles. Mais il faut également lier le mouvement à la publication de l’Introduction à la science expérimentale par Claude Bernard ainsi qu’à la diffusion des thèses darwinistes.

 

Qu’est-ce que le naturalisme ?

  • Outre Balzac et sa Comédie humaine, avec qui les naturalistes partagent la volonté d’atteindre une société tout entière, ainsi que d’utiliser les conclusions de la science, le principal modèle de ces écrivains demeure Flaubert, avec Madame Bovary, dont la peinture crue de l’adultère a valu un procès à son auteur, et L’Éducation sentimentale. Ainsi, Flaubert embrasse nettement les principes zoliens : absence de péripéties extraordinaires, des héros à taille humaine et un romancier effacé derrière l’intrigue ; mais sans pour autant s’affilier au mouvement : Flaubert qualifiait la doctrine naturaliste d’« inepties ».
  • La fresque des Rougon-Macquart (1871-1893) démontre la fascination de Zola pour les déterminations génétiques, et répond à un souci scientifique : l’étude d’une famille sur cinq générations, permettant de vérifier les lois biologiques de l’hérédité.
  • Préoccupations scientifiques : le roman naturaliste se définit comme la description d’une expérience scientifique, d’où le romancier peut tirer des enseignements moraux et universels : il s’agit de comptes rendus presque mécaniques d’une expérience dont le résultat serait indépendant de l’auteur.

Les grandes figures du naturalisme

  • Zola, Émile (1840-1902) : Les Rougon-Macquart (vingt romans).
  • Huysmans, Joris-Karl (1848-1907) : Marthe.
  • Maupassant, Guy (1850-1893) : Pierre et Jean, Une Vie, Bel-Ami.

 Poétique naturaliste

 

Thèmes de prédilection :

  • Littérature du peuple : exploration de tous les milieux sociaux, dont le peuple et le monde du travail qui font leur apparition dans le genre romanesque. Les écrivains prennent désormais en compte tous les instincts de l’homme.
  • Un propos scandaleux : le héros naturaliste est disséqué comme un animal : ses pulsions, ses besoins sont mis en scène. En somme, le roman naturaliste se préoccupe du dévoilement des dessous de la société et de l’étude des pulsions.
  • Un traitement réaliste de la vie : le romancier rejette toute péripétie spectaculaire, contraire à la réalité : l’intrigue se débarrasse de tout élément superflu. De même, les héros naturalistes n’ont rien de classique, ils sont médiocres, faibles et voués à l’échec.
  • Une narration objective : le romancier naturaliste affecte de disparaître derrière l’action en substituant au point de vue omniscient une focalisation interne. De plus, il fait le choix du discours indirect libre, qui permet d’offrir la parole au peuple, tout en maîtrisant sa syntaxe et son vocabulaire : il peut alterner discours du narrateur et discours du personnage.

Le Parnasse

 

Comme la plupart des mouvements littéraires qui naissent au XIXe siècle, le Parnasse cherche avant tout à se démarquer, à refouler les excès de la plume romantique. Cet élan littéraire est fondé par Leconte de Lisle puis relayé par des poètes plus jeunes, lesquels créent le mouvement du Parnasse contemporain, organisé autour de trois recueils : le premier en 1866 marque la naissance du Parnasse, le second en 1871, et le dernier en 1876, qui constitue la fin du Parnasse contemporain.

 

Qu’est-ce que le Parnasse ?

  • L’influence de Victor Hugo, considéré comme le patriarche de la littérature, est indubitable : les Parnassiens se reconnaissent dans le Victor Hugo jeune, et non à travers le partisan de l’art engagé. Baudelaire sera récupéré par le Parnasse du fait du travail constant effectué par le poète sur le vers. Banville jouera un rôle important également en donnant à la rime la place centrale de la création poétique dans son Petit Traité de poésie française. Néanmoins, le mouvement parnassien s’appuie avant tout sur Théophile Gautier, associé à la doctrine de « l’art pour l’art », bâtissant une poésie n’ayant d’autre finalité qu’elle-même.

 

  • Le nom « Parnasse » adopté dès 1866 avec la publication de la première œuvre poétique collective, fait allusion au mont Parnasse, où s’assemblaient les neuf muses, sous la conduite d’Apollon. Le mouvement a été fondé par quelques poètes voulant prolonger et élargir les principes de l’art pour l’art. Contesté par de nombreux poètes novateurs (symbolistes), il s’éteint en 1876 en tant que mouvement, même si les poètes parnassiens continuent de publier par la suite.

 

Les grandes figures du Parnasse

  • Gautier, Théophile (1811-1872) : Émaux et Camées.
  • Leconte de Lisle, Charles (1818-1894) : Poèmes antiques, Poèmes barbares.
  • Banville, Théodore (1823-1891) : Les Stalactites, Les Princesses.

Poétique du Parnasse

  • Religion du beau : la poésie n’est plus considérée comme un divertissement, elle vise à atteindre les sommets de l’Art. Les poètes parnassiens cherchent l’équilibre des formes pour atteindre l’irréprochable beauté.
  • Lyrisme impersonnel : refus du culte du moi. L’émotion personnelle est donc proscrite : en faisant abstraction du moi, les Parnassiens veulent et prétendent atteindre l’universel. La poésie doit permettre de s’exprimer au nom de tous.
  • Culte du travail : les Parnassiens ne croient pas à l’inspiration romantique. Pour eux, ciseler le langage est un métier. Le poète, devenant sculpteur, doit transformer une matière difficile, le langage, en beauté grâce à un patient labeur. Ils préconisent une versification rigoureuse, s’appuient sur des formes fixes, sur des vers isométriques, sur la richesse de la rime. Plus la poésie se soumet aux contraintes (métriques, sonores, etc.), plus elle est de qualité.

 

Le symbolisme

 

Le symbolisme est à la fois une réaction contre le Parnasse et sa continuation. Il entend en réalité marquer une rupture avec le matérialisme scientiste, dont la forme littéraire triomphante au XIXe siècle est le naturalisme. École plutôt que mouvement, le symbolisme fait du symbole la condition même de l’art, décide de suggérer plutôt que de nommer et libère le vers du moule classique célébré par les Parnassiens.

 

Qu’est-ce que le symbolisme ?

 

  • Le symbolisme est avant tout un courant de pensée, reposant sur la conviction que le monde réel n’est fait que d’apparences et qu’il existe une autre réalité, plus mystérieuse et plus complète. Le symbole doit donc permettre de représenter concrètement l’abstrait, l’invisible, il doit être une passerelle pour atteindre cette réalité, ou tout du moins en donner une idée.
  • Mais il s’agit au sens strict du terme d’une école littéraire lancée par le manifeste de Jean Moréas en 1886, dans lequel il reconnaît Rimbaud, Verlaine et Mallarmé comme maîtres du symbolisme. Jean Moréas, René Ghil et Jules Laforgue en sont les grands représentants.

Les emblèmes du symbolisme

  • Paul Verlaine pratique un art de la suggestion. Ses principaux recueils confèrent le primat absolu à la musique, seule capable de transporter l’âme vers des ailleurs inconnus.
  • Arthur Rimbaud fait de sa poésie une exploration de l’inconnu. Tout sens immédiat disparaît au profit d’hallucinations, d’« illuminations » colorées, qui créent un univers merveilleux et féérique.
  • Stéphane Mallarmé oriente la poésie vers l’hermétisme. Pour créer et suggérer le mystère, il peint non les réalités concrètes, mais les effets qu’elles produisent.

Poétique du symbolisme

  • Le symbole : la sensation et l’idée ne sont plus séparées. Le plus souvent, le symbolisé n’apparaît plus et le lecteur doit décrypter le texte. Il s’agit d’un outil destiné à désigner le monde tout en le masquant.
  • Un nouveau rôle assigné au poète : le poète n’est pas celui qui nomme ou qui décrit, il est l’intermédiaire entre les hommes et le monde. Il devient un guide qui conduit le lecteur vers la morale, la sagesse.
  • Hermétisme : volonté de s’élever au-dessus des masses, le poème doit exiger du lecteur une activité de déchiffrement. Cela se traduit par un culte du mot rare, de la syntaxe disloquée et plus généralement par l’intellectualisme de l’inspiration.

Le surréalisme

 

Le surréalisme naît dans une France ruinée, décimée, ayant laissé toute une génération horrifiée, découragée ou révoltée. C’est également en parallèle avec la montée du communisme, auquel ces écrivains se rallieront pour la majorité, y voyant une barrière contre la montée des fascismes que le mouvement surréaliste prend l’ascendant. Ralliés dans les années 1940 avec l’apparition du cinéma, leur art est hérité d’un courant pictural, le cubisme.

 

Qu’est-ce que le surréalisme ?

  • Naissance du surréalisme : le mouvement se développe d’abord en parallèle avec le mouvement dada, dirigé par Tzara, mais ne s’affirme vraiment qu’avec la parution du premier Manifeste du Surréalisme par André Breton en 1924. Pourtant, dès 1918, les trois fondateurs du surréalisme, Breton, Soupault et Aragon créent une revue littéraire qu’ils appellent par dérision Littérature.
  • Refus des conventions : la pire des conventions est celle du langage. Le principe premier du surréalisme est donc de remettre en cause cette convention et de créer de nouveaux rapports entre les mots. Il s’agit finalement de s’insurger contre le totalitarisme esthétique exercé par la beauté classique.
  • Les surréalistes pensent que l’écriture est une entreprise collective. Ils inventent des jeux de langage reposant sur le hasard, dont le cadavre exquis ou encore les dialogues fictifs.

Les figures du surréalisme

  • Breton, André (1896-1966) : Nadja ;
  • Aragon, Louis (1897-1982) : Les Cloches de Bâle, Le Crève-Cœur ;
  • Soupault, Philippe (1897-1990) ;
  • Éluard, Paul (1895-1952) : Capitale de la douleur.

Caractéristiques du surréalisme

  • Un appel au rêve : pour les surréalistes, la forme d’activité onirique est essentielle, le songe, selon eux, pourrait être la solution aux grandes questions de la vie.
  • Exploration de l’inconscient : relations profondes avec la psychanalyse. Breton définit une méthode d’écriture dans le premier Manifeste du Surréalisme qui repose sur les théories freudiennes : c’est l’écriture automatique.
  • Poétique du surréalisme :
  • L’humour, forme efficace de subversion, est l’un des principes premiers du surréalisme. C’est une façon de préférer le principe de plaisir au principe de réalité dans le contact avec des idées désagréables.
  • L’image verbale : recherche d’images qui échappent à la syntaxe, qui transgressent la logique rationnelle. Les images sont d’autant plus fortes qu’elles sont inattendues et que la liaison entre référent et référé est à la charge du lecteur qui participe à la création surréaliste.
  • Poésie : ils préconisent une poésie libérée des règles formelles, jouant sur des jeux de sonorités et des rencontres sémantiques inattendues.
  • Récit : les romans surréalistes accumulent les indices d’invraisemblance pour mieux rendre compte du vrai. La nécessité d’une intrigue disparaît, le récit abandonne alors ses atouts traditionnels pour se concentrer sur une écriture poétique en prose où fusent des images poétiques traditionnelles.


20/12/2011
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